Troubles auto-immuns et fertilité
J’ai une maladie auto-immune qui, depuis plus de 10 ans, a causé des problèmes à ma thyroïde, mon foie, mon cœur, mes plaquettes etc. Je commence à me demander si cette maladie peut affecter ma capacité à tomber enceinte et à porter un enfant à terme. Quelle est votre opinion à ce sujet ? K.
Les maladies auto-immunes proviennent d’une production inappropriée d’anticorps qui attaquent les organes normaux et les tissus comme la thyroïde, les parathyroïdes, le pancréas, les ovaires, les articulations, les plaquettes et le placenta. Elles peuvent aussi attaquer les vaisseaux sanguins et causer des inflammations des veines et des artères ce qui peut entrainer une coagulation du sang (thrombose).
Le lupus, la thrombopénie (ou thrombocytopénie) idiopathique et la maladie de Grave (une sorte de maladie thyroïdienne) sont quelques-unes des affections auto-immunes. Personne ne sait pourquoi ces maladies se développent et il n’existe pas vraiment de traitement.
De nouveaux agents anti-inflammatoires peuvent aider à supprimer l’attaque du système immunitaire et les symptômes en résultant. Si un organe produisant une hormone est attaqué, des hormones de substitution peuvent être nécessaires, cela est le cas pour le diabète (traité avec des compléments d’insuline) ou l’hypothyroïdie (traitée avec des hormones thyroïdiennes).
Le syndrome des antiphospholipides est souvent diagnostiqué chez des femmes avec des anticorps anormaux aux composants des parois des vaisseaux sanguins comme les cardiolipines, la sérine et l’éthanolamine qui coagulent anormalement. Cela peut causer une thrombophlébite (inflammation d’une veine due à un caillot sanguin) à une extrémité, un infarctus placentaire en cours de grossesse (perte de la circulation sanguine dans le placenta et mort fœtale), ou une embolie pulmonaire (un caillot de sang dans une des veines pulmonaires).
Le rôle que ces anticorps jouent dans les fausses-couches à répétition ou l’infertilité n’est pas clair et les données sont souvent contradictoires. Néanmoins, de nombreux médecins contrôleront le système immunitaire à la recherche d’anticorps antiphospholipides évoqués dans le paragraphe précédent. Ils peuvent aussi prescrire un examen pour le lupus anticoagulant (s’il existe, vous avez un risque accru de coagulation sanguine).
Si un de ces éléments est présent, les médecins choisiront de traiter cela avec une combinaison d’aspirine pour bébé à faible dose et des injections d’héparine pour prévenir une coagulation anormale. Cette thérapie n’est pas sans risques et vous devez avoir une discussion détaillée avec votre médecin, les avantages potentiels et les risques associés.
Le test ANA (anticorps antinucléaires) est souvent pratiqué pour écarter le lupus mais les données n’encouragent pas l’utilisation de ce test ou un de ses nombreux sous-tests (ssDNA, dsDNA, histones) pour diagnostiquer ou traiter l’infertilité. La présence des anticorps thyroïdiens n’est pas directement liée à une infertilité ou à des fausses-couches. Néanmoins, si ces anticorps ont endommagé la thyroïde et un faible taux d’hormones thyroïdiennes est présent, votre fertilité peut en être affectée. De plus, les femmes avec une propension à produire un anticorps anormal peut en pratique en produire d’autres.
Alors que la présence d’anticorps anormaux n’affecte pas forcement directement vos chances de grossesse ou ne conduisent pas forcement à des fausses-couches, il est conseillé de s’assurer que ‘’tout le système fonctionne bien’’ et que vous avez la meilleure santé possible avant de tenter de tomber enceinte.
